Journaux de guerre, Ernst Jünger

Tout commence par la guerre de 14.

A lire pour la comparaison entre les journaux tenus pendant les deux guerres mondiales, fougueux et fangeux pour le premier, désabusé et parisien pour le second. Le style, si déroutant : Jünger saisit le détail incongru d'un œil esthète, mais jamais léger ou dandy. Irréductible aux caricatures, l'auteur écrit avec une précision rigoureuse, qu'il s'agisse des tranchées, des insectes ou des fleurs. Erudit, curieux, il fait aussi figure de moraliste. Son écriture sans pathos fait penser à un style de dessin au trait, austère et extrêmement expressif.

La Pléiade, 110 €
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Everymen, Philip Roth

Tout commence par l'enterrement d'un homme et les oraisons de ses proches.

A lire pour un ressenti subtil, celui de la fragilité d'une vie, avec son enfance, ses liens familiaux, ses ambitions, ses aventurettes et ses failles. Passé à côté de son destin artistique, voulant mener sa vie en tant qu'homme singulier, le personnage emprunte en fin de compte le chemin de tous les hommes, sans aucune originalité. Cette prise de conscience, les dégradations dues à la vieillesse et la comparaison avec un frère aux antipodes rendent ce roman aussi universel qu'un miroir.

Random House Uk, 9 €
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La haine de la famille, Catherine Cusset

Tout commence par les manies de rangement du père de famille...

A lire pour la première partie, très drôle, et la seconde, émouvante. L'écriture rapide saisit avec ironie et parfois cruauté les travers d'une famille bourgeoise adepte des contrepéteries : les névroses, les liens entre les parents, entre les parents et les (grands) enfants. Détails de la vie quotidienne, analyses vives et justes des personnalités, non-dits explicites... Ce "famille je vous hais" sarcastique laisse place à une deuxième partie sensible sur la jeunesse des parents. Leur vie avant la famille, avant de tenir des rôles sociaux et familiaux. Quand la mère menait une vie à la Sagan.

Folio, 8 €
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Mulholland drive, Hervé Aubron

Tout commence par le film de David Lynch, analysé ici par un thésard dandy.

A lire pour la légèreté ludique et pointue du propos, qui ne prétend pas plaquer de grilles sur le film, irréductible à toute interprétation univoque. Des pistes s'ouvrent, des correspondances se tissent, des personnages prennent de la profondeur. Le plaisir pris par l'auteur à piloter son cerveau dans les méandres de Mulholland Drive donne l'envie de revoir le film avec de nouvelles clefs en main. Détail agréable, beaucoup de photos du film pour étayer et illustrer le propos.

Yellow Now, 12,50 €
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Les Années, Annie Ernaux

Tout commence par : les photos d'une femme à ses différents âges, de l'enfance à ses 67 ans actuels.

A lire pour : l'incroyable effet "hélicoptère" ou synoptique d'embrasser six décennies en une lecture. La fluidité du style, la clarté des réflexions et la connivence éprouvée font tourner les pages aussi vite que passe une vie lorsqu'on se retourne sur elle. Chaque époque ses références, ses différences, que la permanence du déjeuner dominical fait encore mieux ressortir. Le plaisir de superposer sa propre vie sur celle du livre, à la faveur des sensations et des événements. Un grand bonheur de lecture.

Gallimard, 17 €
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Lu d'abord dans mon canapé pendant la sieste de mon fils, puis hier soir en attendant ma femme en présentation chez des clients.

Bonjour New-York, Françoise Sagan

Tout commence par : le succès Bonjour Tristesse donne à Hélène Lazareff l'idée de confier à Sagan des chroniques de villes.

A lire pour : la vivacité de ton, la fraîcheur, la façon irrespectueuse de revisiter les villes-monuments. Naples, Venise, NY... Le charme un peu désuet de cette impertinence des années 1950, des anecdotes et des choses de la vie, comme ces "touristes-femelles" mises à l'abri du soleil de midi par les beaux napolitains. Et par-ci par-là, des croquis superbes, comme le pianiste de Capri et sa femme à l'éventail.

L'Herne, 9,50 €
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Lu dans le métro entre Sèvres-Babylone et Porte d'Auteuil. Merci à Christine pour votre commentaire sur Murakami, je vais lire cette suggestion, les chroniques de l'oiseau à ressort, et en reparler.

La Course au mouton sauvage, Murakami

Tout commence par : un trentenaire un peu désabusé reçoit d'un inquiétant émissaire la mission de retrouver un mouton magique.

A lire pour : l'étrangeté ambiante. Tout commence comme un polar et finit comme un conte. L'intrigue est une colonne vertébrale permettant de déployer des ambiances et des sensations. Les personnages, tous étranges à leur façon, tous attachants. La nature, discrète au début, omniprésente à la fin. Les questions que l'on peut se poser : de quoi ce mouton est-il l'image ? Avons-nous tous un mouton sauvage à rechercher ?

Points, moins de 8 €
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Lu par épisodes nocturnes, après avoir regardé plusieurs soirs de suite des émissions tardives à la tv. Offert par mon père dans l'édition collector.